Le CCAS de la ville de Nouméa aux côtés des plus fragiles

Publié le 14 juin 2024

Face à la détresse des administrés les plus fragiles, notamment les seniors et les personnes en situation de handicap, le CCAS de la ville de Nouméa a dû réinventer ses missions afin de répondre à la crise actuelle. Depuis plus d’un mois, les agents mènent des actions dites « d’urgence » : distribution de cartes sociales et de colis alimentaires, relogement de familles sinistrées et soutien psychologique.

Agir en situation d’urgence. Dès les premiers jours des émeutes, les agents du CCAS de la ville de Nouméa ont dû trouver une solution au problème d’approvisionnement en denrées alimentaires chez les personnes les plus fragiles, à savoir les seniors et les personnes atteintes d’un handicap.

Toute l’année, ce sont près de 460 administrés qui sont suivis par les travailleurs sociaux du CCAS. Pour une majorité d’entre eux, se déplacer est extrêmement difficile, voire impossible. Les récents événements les ont contraints à l’isolement, parfois au sein même des quartiers de Nouméa les plus touchés par les émeutes.

PRENDRE CONTACT AVEC LES ADMINISTRÉS

Les travailleurs sociaux du CCAS ont immédiatement pris contact avec les administrés par téléphone. « On a des degrés de vulnérabilité. Donc, évidemment on a commencé par les plus vulnérables pour connaitre leur situation, recenser les besoins vraiment urgents. Essayer de désamorcer les crises, les angoisses, même si nous aussi on était évidemment impactés par la situation », se confient Nathalie et Caroline qui travaillent au CCAS depuis 19 et 13 ans.

De plus, le maintien à domicile a pu se poursuivre. Il s’agit d’un dispositif en partenariat avec des sociétés indépendantes. « C’est emmener les gens à leur rendez-vous médical ou faire de l’entretien chez eux ». En premier lieu, il fallait savoir « où est-ce qu’ils en étaient, s’ils avaient pu aller chez certaines personnes ou pas. Les plus isolés, on les a appelés si on pouvait les appeler. Après on a recensé tous ces besoins et une fois qu’on a pu avoir de l’aide alimentaire pour composer des colis, ceux qui pouvaient venir les chercher venaient les chercher au CCAS, et ceux qui ne pouvaient pas, on a pu faire des équipes mobiles pour aller au plus près de certaines familles. »

ORGANISER, PRÉPARER ET DISTRIBUER DES COLIS ALIMENTAIRES

Dépendant des dons alimentaires provenant de la cellule spécialisée du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le CCAS n’a reçu sa première commande que dix jours après le début des émeutes. Des denrées alimentaires destinées à être redistribuées auprès des administrés qui bénéficient de l’aide sociale. Une trentaine de livraisons est effectuée chaque semaine.

Immédiatement, une grande solidarité s’est mise en place avec la Banque Alimentaire qui a organisé plusieurs collectes à la sortie des grandes surfaces, pour récolter un maximum de denrées non périssables que le CCAS a pu redistribuer en urgence aux Nouméens les plus nécessiteux. « Les colis, c’est vraiment pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Il y en a qui sont coincés chez eux parce que les auxiliaires et la famille ne viennent pas, certains sont alités ou en fauteuil et d’autres ne sont pas en capacité de descendre les escaliers pour aller faire leurs courses tout seul ». Dans certains cas, des points de dépôt ont été définis, notamment dans les quartiers de Rivière-Salée, Kaméré, Normandie et Tuband, afin de garantir, d’une part, la livraison des colis, et d’autre part la sécurité des agents.

« C’est la deuxième fois seulement que la plateforme alimentaire du Gouvernement nous livre. J’avais commandé 330 colis le 17 mai lorsque la cellule du Gouvernement a été mise en place et on a reçu les colis que le 27 mai. Il a fallu attendre 10 jours » explique Valérie Leclerc, directrice du CCAS de la ville de Nouméa.

Face à cette situation, il a fallu agir en conséquence. « On est allé acheter des vivres chez Auchan. Le Maire a également essayé d’obtenir des denrées alimentaires auprès de nos fournisseurs mais impossible, parce que leurs docks se trouvent à Normandie ou à Païta et sont bloqués. Ou bien ils n’ont pas assez de personnel pour aller chercher les denrées. Et quand ils arrivent à se réapprovisionner, la priorité ce sont les enseignes, les grands magasins. Donc nous, services sociaux, on n’est pas prioritaires. À ce jour, j’ai toujours des commandes en attente. »  

ATTRIBUTION DE CARTES SOCIALES

366 cartes sociales ont été éditées et distribuées en urgence aux administrés bénéficiant de l’aide sociale, afin de leur permettre d’acheter des vivres dans les commerces situés près de chez eux. Celles-ci devaient initialement être distribuées au cours du mois de juillet 2024.

DES FAMILLES RELOGÉES

Face à cette situation insurrectionnelle d’une extrême violence, certaines personnes ne se sentant pas en sécurité chez elles, ou qui ont vu leur habitation pillée ou brûlée, ont pu être évacuées par les forces de l’ordre et relogées par le CCAS de la ville de Nouméa grâce à de nombreux partenaires sociaux.  À ce jour, 9 familles et 2 personnes âgées ont pu être placées dans un logement temporaire d’urgence, dans une zone sécurisée.