Maison Higginson
7 rue Sébastopol
En 2022, la Ville de Nouméa a présenté à la maison Higginson un nouveau chapitre du cycle d’expositions « Hommage », consacré aux travailleurs venus apporter leur aide à la construction de la Nouvelle-Calédonie. À travers près de 400 photos, cette exposition retrace l’histoire des familles d’origine asiatique : vietnamiens, javanais, japonais, indonésiens, indiens… dont de nombreux descendants ont joué un rôle particulier au sein de la société calédonienne.
UN NOUVEL HOMMAGE
Après avoir mis en lumière 132 familles de pionniers entre 2016 et 2019, ce nouveau volet est dédié aux Calédoniens d’origine asiatique et à l’histoire de ces familles de travailleurs sous contrat. Leurs histoires de vie, souvent difficiles, racontent les aléas et les traumatismes liés notamment à l’histoire : exil forcé, séparations familiales, retour au pays natal… Ainsi que l’intégration de leurs descendances au sein de la société calédonienne.
Tous ces immigrants ont apporté une aide conséquente au développement du pays. Nombreux y sont enterrés. Aujourd’hui métissées, leurs descendances sont fières de leurs racines et de leurs ancêtres, tout en appartenant pleinement à la Nouvelle-Calédonie.
PARTAGER ET RENOUER DES LIENS
Pour cette exposition, les recherches de documents et de témoignages ont donné lieu à de nombreux échanges avec les familles, mais aussi entre frères, sœurs ou cousins, chacun apportant une pierre à la mémoire familiale. Ainsi 39 familles ont accepté de se plonger dans le passé et de conter le parcours de leurs ancêtres, Grâce à elles, plus de 350 photographies sont exposées.
Cette exposition a ainsi été réalisée à partir des témoignages et des prêts collectés auprès de toutes ces familles, mais aussi de Louis-Georges Viale, Christophe Dervieux, du Cercle des Musées de la Ville, de la province Sud, de l’Amicale indonésienne de Nouvelle-Calédonie, de l’Amicale vietnamienne de Nouvelle-Calédonie et de l’Amicale japonaise de Nouvelle-Calédonie.
La retranscription de ces récits a également permis aux jeunes générations de découvrir ce passé, bien souvent extraordinaire et douloureux, mais gardé secret.
Famille Wahono - DR
UNE HISTOIRE TUMULTUEUSE ET UNE AIDE CONSÉQUENTE
Dès la fondation de la colonie, le manque de main d’œuvre se fait cruellement ressentir en Nouvelle-Calédonie. Ce problème va devenir récurrent, malgré l’installation du bagne. Dans les premiers temps, on fait venir des Indiens, des Chinois et des Néo-Hébridais.
L’arrêté du 26 mars 1874 permet la création d’un service de l’immigration, réglant les conditions d’introduction des travailleurs asiatiques, africains et océaniens ainsi que le régime de leur protection.
À la fin du XIXe siècle, quand la demande en minerai s’intensifie avec la révolution industrielle, le manque de main d’œuvre s’accentue d’autant plus que les convois de condamnés doivent cesser. Des compagnies se tournent alors vers l’Asie et organisent la venue d’Annamites en 1891, puis de Japonais l’année suivante. Le gouverneur Feillet encourage cette nouvelle immigration et un premier contingent de Javanais débarque en 1896, puis des Indiens en 1901.
FAMILLE ET INTÉGRATION
La présence de femmes dans les convois de Javanais et d’Indochinois favorise les unions entre membres d’une même communauté. Regroupés dans des cantonnements qui leur sont dédiés, ils conservent leur langue et éduquent leurs enfants selon leurs traditions, dans la mesure du possible, en cultivant l’espoir d’un retour au pays natal.
Les Japonais et les Indiens qui s’installent dans la colonie épousent, quant à eux, souvent une Calédonienne. Leur intégration au sein de la société locale devient alors leur priorité. Mais la guerre du Pacifique vient contrarier ce destin : les Japonais sont expulsés, perdant leurs biens, laissant femme et enfants derrière eux…
Famille Matsumoto - DR
Avec la proclamation de l’indépendance de l’Indonésie en 1945, de nombreux Javanais repartent. Certains reviendront en Nouvelle-Calédonie quelques années plus tard.
Quant aux Indochinois, ils sont nombreux à retourner au Vietnam dans les années 1960. Un millier demeurent cependant en Nouvelle-Calédonie.
SIX ESPACES ET TROIS APPROCHES
Le parcours muséographique propose six espaces différents (un pour chacune des quatre communautés mais également un sur les musiciens et un sur l’impact de ces communautés à Nouméa), à découvrir avec des approches à la fois :
- historiques avec des chronologies expliquant l’implantation des différentes communautés asiatiques en Nouvelle-Calédonie et leurs statuts au fil des années.
- mémorielles grâce aux témoignages de 39 familles qui ont témoigné et ont prêté leurs photographies.
- ntergénérationnelles avec un livret pour le jeune public et des visites guidées animées par les anciens à destination des collégiens et des lycéens.