Passion de collectionneur 2

Contact

Du 16 septembre 2020 au 30 janvier 2021, la Ville de Nouméa vous a présenté, à la maison Higginson, l’exposition « Passion de Collectionneurs 2 ». Elle a fait suite au premier volet, proposé en 2018 en mettant davantage en lumière l’histoire se rattachant aux œuvres, pour un voyage à travers le temps et le Pacifique :  portraits, paysages idylliques, groupes de personnes, habitations et scènes de vie en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française entre le XIXe et le XXe siècle.
La centaine de tableaux présentés était issue du fonds d’art de la ville de Nouméa et de collections particulières.

 

UNE EXPOSITION EN QUATRE TEMPS

Cette exposition se décline en quatre grandes sections, selon différentes époques.

Les œuvres les plus anciennes que les Européens aient produites dans le Pacifique se situent vers le XVIe avec une importante production graphique des artistes-naturalistes associés, à l’époque, aux expéditions d’exploration européenne. Mais la plupart des œuvres datent des XIXe et XXe siècles, avec les peintres exilés volontaires et voyageurs.

Une centaine de tableaux seront mis en lumière dans cette exposition, aux techniques très variées : huile sur toile, huile sur isorel, mine de plomb, gouache, aquarelle, fusain, sanguine, pastel, encre sur papier, techniques mixtes.

 

 

DANS LE SILLAGE DES NATURALISTES : LES ARTISTES, TÉMOINS DES IMPLANTATIONS COLONIALES

 

Dans l’Océanie de la fin du XIXe siècle, les peintres sont encore rares. Ceux venus de leur gré, qu’ils soient marins comme Osmond Romieux ou Pierre Loti, artistes s’étant embarqués sur des navires comme Sébastien Charles Giraud, ou peintres de la Marine comme Gaston Roullet, travaillent avec application, conscients de participer à l’expansion de l’Empire.

Toutes ces œuvres, précieuses par leur rareté et par la fragilité de leur support (papier le plus souvent), entrent en compétition progressive avec la photographie. Le développement de celle-ci va d’ailleurs définitivement transformer le regard des peintres du siècle suivant, puisqu’ils auront à trouver d’autres moyens que la stricte représentation du réel pour exprimer leur sensibilité.

 

DANS L’OMBRE DE GAUGUIN : LES EXILS VOLONTAIRES EN POLYNÉSIE

takani02.jpg
Charles Alfred Lemoine 
Takatini 
Huile sur toile, 1915 
30 x 21 cm 
Collection particulière

Le destin tragique de Paul Gauguin, entre émerveillement et déchéance, a puissamment marqué les Européens. En effet, il envoyait régulièrement ses productions tahitiennes à son marchand Ambroise Vollard. Ainsi, grâce aux expositions parisiennes, au témoignage ému de Victor Segalen devant son atelier vide à Hiva Oa, l’Occident a pu prendre conscience du moteur de création artistique que fut pour lui la rencontre avec la Polynésie.

Ceux qui sont présentés dans cette section, comme Serge Grès, Adriaan Herman Gouwe, William Alister Macdonald ou Octave Morillot, partagent avec Gauguin le caractère définitif de leur immersion polynésienne : séduits, envoûtés, adoptés, un ultime retour vers la vieille Europe leur était impossible.

AU GRÉ DES AFFECTATIONS : LES PEINTRES VOYAGEURS

Certains artistes ont fait le choix de représenter les lointains, pour rendre compte, non sans parfois se bercer d’illusions, des particularités du monde.

Véritable marqueur de la première moitié du XXe siècle, à l’heure d’un colonialisme triomphant, leur peinture est alors valorisée car elle aide à montrer l’expansion de l’Empire, les progrès du processus colonial engagé et la diversité des peuples qui « bénéficient » de la présence du pays tutélaire.

Henri Dumien Sans titre Huile sur panneau d’isorel, vers 1944 46 x 55 cm Collection particulière
 Henri Dumien
Sans titre
Huile sur panneau d’isorel, 
vers 1944
46 x 55 cm
Collection particulière

 

 

LA FRANCOSPHÊRE PACIFIQUE : LES PEINTRES DE L’APRÈS-GUERRE 

Nicolaï Michoutouchkine Takaro Timoli Huile sur toile, sans date 122 x 63 cm Fonds d’art de la Ville de Nouméa
Nicolaï Michoutouchkine 
Takaro Timoli 
Huile sur toile, sans date 
122 x 63 cm 

Après la Seconde Guerre mondiale, les jeunes artistes français qui ont connu l’Occupation sont nombreux à quitter cette Europe exsangue pour s’évader et découvrir comment on vit autrement.

Dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française connaissent des phases de développement inédites : l’amélioration des dessertes maritimes et aériennes, le boom du nickel, la création du Centre d’expérimentation du Pacifique, sont des catalyseurs de progrès économiques locaux.

Des va-et-vient entre les deux territoires sont alors constants et les artistes naviguent de Nouméa à Papeete pour des opportunités de travail ou des expositions. Ils échangent, apprennent des uns des autres, les idées se mêlent et les regards fusionnent.

Avec dans leurs bagages les modernisations de la peinture, ils trouvent de nouveaux moyens d’expression, comme en témoignent les invocations symbolistes de Tatin, l’expressionnisme outrancier de Michoutouchkine ou le surréalisme touchant de Bouloc.